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Les filles sages vont au paradis, les autres où elles veulent
23 janvier 2015

Se prendre par la main pour avancer

 

be kind

Il y a une réflexion qui m'est apparue de façon limpide et percutante il y a quelques temps, et que je m'étais promis de coucher un jour ici. Le joli billet d'Isa me l'a rappelée. J'en profite pour vous la livrer. 

Plusieurs personnes dans mon entourage (mon compagnon, quelques ami-e-s) identifient clairement, depuis leur enfance jusqu'au début de leur vie professionnelle, des personnes qui ont bloqué leur apprentissage et leur épanouissement. Il s'agit souvent de personnes qui ont été autoritaires et dures avec elles à un moment critique où l'accompagnement, plus que la sévérité, était de mise.
Les "Tu ne vas donc jamais y arriver!" ou "Qu'est ce que tu fous toujours là, t'es un peu empoté quand même" prononcé par un professeur ou un parent face à un défi à relever, une difficulté à surmonter, nous ont fait perdre nos moyens. Nous en voulons à ces personnes qui, par leur attitude, nous ont bloqué et renfermé dans notre coquille avec des angoisses indépassables et une mauvaise image de soi. Peut-être que si on nous les avait expliqué calmement, on aurait compris les maths. Peut-être que si on ne nous avait pas (littéralement) jeté dans le grand bain la première fois, on aurait pas mis 27 ans à apprendre à nager. Voilà pour les exemples les plus softs.

Aujourd'hui, nous identifions parfaitement la violence de tels propos et nous savons qu'ils ne sont pas appropriés face aux enfants (ou même adultes) en situation d'apprentissage que nous étions. Nous savons que nous ne sommes pas empotés et nous ne laissons plus personne nous le dire. Dans la vie de tous les jours, nous identifions les personnes pour lesquelles exigence et bienveillance ne sont pas incompatibles et avec lesquelles il est agréable et constructif de réaliser nos projets et au contraire, celles qui manquent d'humilité ou de tact dans la transmission de leurs savoirs et savoir faire et qui éprouvent le besoin de nous réduire en bouillie, de nous traiter durement pour nous apprendre quoique ce soit. Et nous refusons de nous laisser traiter encore comme ça.  

D'où vient-il, alors, que lorsque nous nous trouvons face à des difficultés aujourd'hui, nous nous parlions sur ce même ton, dur et dénigrant ? Comme si nous donner avec acharnement et violence des coups de cravache, comme à un cheval qui bloque devant un obstacle, allais nous faire sauter. 
A mon compagnon qui me faisait part, avec virulence à son propre égard, de son incapacité à affronter une tâche qui l'inquiétait dans son travail, j'ai rappelé toutes ces personnes. Je savais qu'il connaissait parfaitement bien leur effet nuisible sur sa progression. Et je lui ai demandé pourquoi il s'infligeait ce qu'elles lui avaient infligé, mais c'était une autre façon de me le demander à moi-même.

Tu sais que ça ne fonctionne pas. Tu te connais et tu sais ce dont tu as besoin pour dépasser ce qui te fait peur. Mets fin à ce cercle vicieux et choisis celui, vertueux, de l'apprentissage. Prends par la main ton enfant intérieur, explique lui la situation calmement, rassure-le et invite-le à faire un pas à la fois. Mais surtout, ne lui lâche pas la main et ne lui crie pas dessus. Félicite le pour chaque pas accompli et poursuis ta progression. 

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Commentaires
F
Je me retrouve beaucoup dans ce que tu écris même si il s'agit moins chez moi d'une question de "voix intérieure" que de regard sur moi même. Je me suis rendu compte que ce regard dévalorisant, extrêmement dur, est tellement intégré dans mon mode de fonctionnement que je ne le perçois que de façon très diffuse et occasionnelle (quand par exemple je parle de moi à un tiers). Il conditionne mon comportement et me nuit sur tout les plans.. J'essaie de me corriger, mais c'est affreusement dur d'apprendre à s'apprécier.
S
Que de vérités dans ce billet :)<br /> <br /> Quelque part, même une fois grand, on ne peut sans doute pas s'empêcher de se dire que "l'autre" avait peut-être raison. Dans ces moments-là, ça peut être salvateur d'avoir quelqu'un pour rééquilibrer la balance.<br /> <br /> Pour ma part, la personne qui m'a le plus bridée, c'est ma mère. Heureusement, j'arrive à prendre du recul maintenant tandis qu'elle semble prendre un virage complet. J'ai l'impression qu'elle s'est rendu compte qu'elle avait été inutilement dure par le passé, même si elle ne le dira jamais ^^
N
@ Elanorlabelle: j'aime bien quand le billet continue de s'écrire dans les commentaires. ça soulève plein de questions: la différence et les subtilités entre fermeté et exigence, entre bienveillance et lâcher-prise...<br /> <br /> Je pense qu'être exigent-e est une grande qualité, mais dans certaines proportions, une vraie plaie également, qui peut avoir l'effet contraire de celui visé. J'ai passé un certain temps à trouver une façon de déjouer les ressorts de cette portion-là (élaborer une façon de les prendre par surprise pour arrêter la dynamique qui se remettait à chaque fois en place). Je te souhaite de trouver également.
N
@ Isa: Je pense que c'est complètement humain d'avoir des moments d'impatience et que malgré ceux-ci, vu ta sensibilité et les questions que tu te poses, tu dois être une super maman! Ce dont je parle entre les lignes dans ce texte est bien plus imposant et répétitif que quelques moments d'impatience :)<br /> <br /> Je pense comme toi (sans en avoir l'expérience) que la façon dont on parle aux enfants est importante. J'avais lu une phrase qui disait "The way we talk to our children becomes their inner voice" et je la trouve très vraie. Si on part du principe qu'une partie du job de parent est d'apprendre le bon, le mauvais, les limites pour le vivre ensemble, comment réagir aux situations, et de l'expliquer aux enfants, c'est effectivement notre voix (entre autre) qui deviendra leur petite conscience ( façon ange et démon sur chacune de leurs épaules ;) ) quand ils seront plus grands.
A
C'est un très beau texte qui me fait réfléchir sur l'éducation que je donne à mes enfants. Je ne leur dis jamais qu'ils sont nuls mais il m'arrive de perdre patience et je n'en suis pas fière. Hier, j'ai explosé parce que mon fils a perdu son gilet et que c'est le troisième vêtement qu'il perd depuis début janvier. Mais je veux pouvoir communiquer - et éduquer - autrement, du coup, je me suis plongée dans le livre "Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent". Ce serait quand même le comble si j'étais bienveillante envers plein de monde mais pas envers mes enfants !
Les filles sages vont au paradis, les autres où elles veulent
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