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Les filles sages vont au paradis, les autres où elles veulent
1 mai 2014

Don't anger your inner gnome

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Je suis pour la colère. La gestion de la colère équivaut souvent à son extinction. Or, je pense qu'elle est productive et qu'elle doit s'exprimer. Autant je pratique la pensée positive, autant je me réjouis des bonheurs quotidiens, autant j'ai une méfiance résiduelle envers les nouvelles thérapies du bien-être qui (potentiellement) noient le poisson, tuent dans l'oeuf et éteignent les colères. 

J'avais lu il y a quelques mois un article sur le féminisme émergeant dans un pays de l'Est. Une féministe, qui travaillait à faire grossir le mouvement, disait que le principal ennemi, c'était la gestion de la colère, qui est en fait sa dissipation. Et qu'il fallait au contraire développer cette colère. Car ce n'est pas en allant trouver les femmes pour leur expliquer qu'elles sont des victimes d'un système qu'elles vont se mobiliser. Souvent, elles refusent de se voir comme des victimes. Et rejettent toutes les explications qui suivent cette assertion. Mais aller les voir comme des personnes en colère, à la colère légitime, des personnes debout et non à genoux, était beaucoup plus productif, respectueux, valorisant. Ensuite, il s'agit de décloisonner cette colère des foyers et des cuisines pour faire prendre conscience qu'elle n'est pas individuelle mais collective et donc due à un système et non à une économie psycho-domestique des émotions. 

Bref, je crois en la colère. Et chaque module, livre, cours qui arbore le titre "gestion de la colère" devrait pour moi recouvrir autre chose que son apaisement. Chacun de ces nouveaux textes qui servent la quête du bien-etre quotidien individuel, quand il parle de gestion de la colère, devrait expliquer comment la transformer, comment l'entretenir, l'activer et la collectiviser. Plus que d'apprendre à la laisser partir. Tout en apprenant, aussi, bien sûr et surtout, dans le même temps, comment la dissocier de soi, comment atteindre la sérénité, pour qu'elle arrête de nous manger les tripes et nous faire mal du dedans, malgré tout. 

C'est le travail que je fais en thérapie. Un travail de dissociation, et non d'extinction, à l'abri du regard de ma psy. Pour qui basiquement la colère est un problème. C'est le travail que je fais en me méfiant des années de théories psy qui ont vu le féminisme, par exemple, comme une maladie individuelle de non acceptation de sa féminité plutôt que comme une remise en question collective d'un système. Je veux garder la colère. Je valorise beaucoup la colère. Je ne veux juste plus qu'elle se retourne contre moi. Je veux qu'elle soit productive. La colère n'a pas à se trouver systématiquement du côté obscur de la force. On peut la transformer avant. En volonté, en espoir de changement, en respect de ses limites, en mobilisation, en dénonciation. 

Le problème, c'est qu'actuellement, je suis en colère contre exactement tous les domaines de ma vie. Je me mobilise. Mais ça fait un peu beaucoup pour mes tripes. C'est redescendu dans mon ventre.

Si vous connaissez un module, un livre, un cours de gestion de la colère qui ne remet pas de couvercle sur l'eau qui bout, je suis preneuse. 

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Commentaires
M
Comme souvent, ta réflexion m'inspire et m'interroge. A fortiori parce que j'entretiens avec ma colère (singulier générique) une relation complexe que j'aimerais plus apaisée et constructive.<br /> <br /> <br /> <br /> Il y a quelques mois, j'avais été titillée par ce post :<br /> <br /> http://vanb.typepad.com/maviesansmoi//2013/11/utiliser-sa-colère-.html<br /> <br /> <br /> <br /> Contente de te lire à nouveau.
N
@ Helolie: Je n'ai effectivement pas fait de distinction entre "la" colère et "les" colères. Le texte que j'ai écrit n'est pas à ce point réfléchi et abouti, ce n'était d'ailleurs pas le but. En y réfléchissant, c'est peut-être aussi car je ne trouve pas la distinction opérante. Que je parle des colère ou du sentiment de colère (au singulier), les deux sont pour moi importants. Par contre, si je comprends bien ce que tu veux signifier, j'aurais tendance à répondre qu'il existe effectivement des colères inutiles à entretenir. Contre des choses du passé qu'on ne changera pas, pour prendre un exemple. Dans ce cas là, il n'y a pas d'autres solutions que de faire faire évoluer sa propre façon de la vivre, individuellement. Et en effet, la transformation collective, la mobilisation ne sont pas les seules voies qui me viennent à l'esprit. Le respect de ses limites (à l'avenir) que j'évoque, par exemple, peut correspondre selon moi à des colères intimes (du passé).
E
Très intéressante question que celle de la colère.<br /> <br /> <br /> <br /> Je pense aussi qu'il y a plusieurs colères, qu'elles ne sont pas négatives et que cela fait parti d'un processus. Personnellement, je sais que de ma colère, peut importe laquelle, sort systématiquement une force et une détermination dont je suis toujours étonnée. C'est en passant pas l'étape colère que je visualise les choses au mieux, que je les mets en perspective et que je focalise mon énergie.<br /> <br /> <br /> <br /> Je suis donc pour une canalisation de la colère et non sa gestion/repression. Après, c'est quelque chose que visiblement je fais naturellement, donc je ne saurais trop te dire de quelle manière le faire...
H
J'ai lu ton billet avec beaucoup d'intérêt, mais je ne le comprends pas complètement. Pour moi, il n'y a pas "la" colère. Tu parles d'ailleurs "des" colères au début de ton texte.<br /> <br /> Pourquoi devrait-on traiter toutes les colères de la même façon ? Pour certaines, (et tu le dis très bien à propos du féminisme, sachant que ça marcherait également pour le monde du travail et le syndicalisme alors que les motifs de la colère sont différents), la réponse collective, l'engagement, sont des réponses. Pour d'autres, plus intimes, sans doute faut-il imaginer d'autres voies ? Et dans ce cas, on ne dissocie pas la colère de soi, on sépare entre les motifs, les situations et les circonstances de colère...<br /> <br /> Je ne sais pas si je suis très claire, mais j'ai eu l'impression d'une fausse opposition.
M
Je n'ai pas de référence à te proposer, mais je partage pleinement ta vision de la colère. Pas celle qui ronge, pas celle qu'on enterre au fond du jardin pour qu'elle nous revienne en pleine face des années plus tard.
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