L'effet bison d'Amérique
Je sors de ma torpeur de thèse pour venir vous entretenir d'un sujet hautement important (ce n'est pas le seul pour le moment mais les autres me donnent plutôt envie de m'enfoncer dans ma torpeur comme une autruche enfonce sa tête dans le sable).
Donc ce sujet: une tenue de mariage. Encore. Notez que le dernier entretien que nous avions eu à ce sujet date d'il y a presque un an. Même si je me suis fort peu habillée dignement depuis et que peu de posts y ont fait suite, ça fait tout de même un bail.
Si la dernière fois, je tentais d'éclaircir le mystère du bien-porté du bas dans la chaussure ouverte (aboutissant à peu près à cette conclusion: c'est joli sur pinterest, ça fait "j'ai décidé que l'automne et l'été n'étaient qu'une seule et même saison et d'ailleurs dans mon monde, il n'y a que des poneys" sur moi), cette fois-ci, il s'agit de savoir si une robe élégante sur un mannequin dont on ne discerne pas avec exactitude le dos du torse quand on ne voit pas de quel côté pointent ses chaussures ne devient pas provocante (vulgaire) quand on fait du 44 bien tassé voire légèrement débordant (et pas toujours de façon distinguée).
(Notez que je trouve les femmes filiformes jolies autant que j'aime mon tour de hanche, point de bataille rangée entre minces et rondes.)
Ce n'est pas la première fois que je me confronte à cet effet non désiré. La robe grise de presque-tailleur pour aller bosser dans une banque de la City londonienne achetée dans le rayon sans fioritures des working girls de chez Benetton me valant un "sexy" du type "t'as sorti le grand jeu" de la part de collègueeees (au féminin) une fois que j'y ai rentré seins et fesses. Sexy n'étant pas joli, j'ai l'impression d'être propulsée telle Christina Hendricks dans un bureau d'une agence de pub des années 50, mais sans la classe et la maîtrise qui va avec (ni le joli minois ni les boucles rousses ni le port de sein conquérant)(plutôt façon "manque de goût").
Ici, le cas du décolleté "Bardot" (qu'ils appellent ça sur Asos), seul détail un peu festif d'une robe qui est loin de sortir des sentiers battus : mi-longue (mi-mollet)(e)(huhu), droite mais non moulante et d'un bleu sans histoire. De loin la réussite la plus concluante des essayages sporadiques de ces dernières semaines, elle semble cependant hurler au monde "LOOK AT MY BOOBS, it's retro", clin d'oeil au thème (non imposé) du mariage années 50 noyé dans un océan de chair (sans compter la carrure de nageuse en raison de mes tensions musculaires, mais on s'y fait).
Je n'ai pas trop de soucis avec les décolletés. Je me dévoile sans trop de pudeur de ce côté, mais la question qui marque la limite est : est-ce élégant ? Et ensuite, est-ce que j'assume? (et ensuite seulement : serais-je capable de me tenir droite et non-affalée, le port de tête altier pendant 10 heures d'affilée malgré mon penchant pour l'alcool bien partagé). Là, je ne sais pas. La réaction de Spéculoos, enthousiaste mais qui m'a fort rappelé le reportage que j'ai vu la semaine dernière sur la saison amoureuse des bisons d'Amérique, m'a un peu effrayée. Les photos rendent encore plus de seins que je n'en vois dans le miroir. Et non, le fait de l'assumer ici virtuellement n'indique en rien que je l'assumerais dans la vrai vie.
Mais ça me plairait beaucoup que ce soit élégant et ensuite de l'assumer (pour le port de tête altier, on verra au moment même) car comme vous le voyez, elle coûte même pas une articulation du petit doigt, j'ai tout un attirail de chaussures pour l'assortir (j'ai une passion pour les chaussures bleues) et elle est assortie au costume de Spéculoos (qui lui coûte deux bras plus l'articulation du petit doigt mais comme il n'en change pas à chaque mariage et qu'il ne compte plus grandir, il sera amorti bientôt).
Alors?