Le haut degré de bienveillance caché dans ce monde
A l'aube de 2015, je souhaite me lover dans une sensation positive, issue de ce qui m'a le plus frappé cette année et ce, même si les moments durs ont été présents en nombre.
Il s'agit de la bienveillance.
Cette année fut la première année depuis mes 12 ans où une personne de ma famille s'est interposée pour me protéger. C'était ma soeur, et j'étais tellement surprise et reconnaissante que lorsque je l'ai appris, j'ai fondu en larmes, d'avoir été l'espace d'un instant une enfant à nouveau. Cette année, un lutin de Noël - ma soeur toujours - est venu installer un magnifique calendrier de l'avent sur la porte de ma salle à manger. Et en a conçu chaque cadeau comme un baume de douceur sur un quotidien de vaillants efforts. Cette année, nos rires ont noyé le mal fait par nos parents et célébré le plaisir de se retrouver, saines et fortes (de l'autre coté d'un tunnel appelé dépression où j'attendais de la retrouver enfin). Cette année, malgré le mal qu'on s'est fait en étant obligé d'aller au fond de discussions trop intimes, notre couple a trouvé à chaque fois les ressources de se faire aussi du bien. Cette année, mes amies ont organisé un spa pour mon anniversaire. Je n'avais jamais été l'objet d'une telle attention. J'étais aussi étonnée, confuse et comblée que pour le calendrier précédemment cité. Cette année, mes amis ont dit beaucoup de maladresses mais rien d'aussi fort que leur réaction de joie entière et spontanée lorsqu'une bonne nouvelle est venue émailler notre parcours (non terminé). Cette année, un symbole maori de fertilité a traversé la moitié du monde pour atterrir dans ma boîte aux lettres. Il portait avec lui des mots surprenants par la force de leur gentillesse, écrits par une presque-inconnue qui l'est devenue un peu moins. Cette année, malgré ma présence sporadique ici et la joyeuseté variable de ce que j'avais à raconter, les mots déposés par vous étaient toujours au rendez-vous et réconfortants. Cette année, j'ai découvert que beaucoup de monde me voulait gratuitement du bien : le pharmacien qui m'offre un sourire d'espoir et jamais de jugement au énième test de grossesse acheté chez lui, la dame à l'accueil du service gynécologie qui ne me voit que pour régler les notes des soins et qui espère avec moi, l'employé de la mutuelle que je fréquente, qui est la personne la plus douce, serviable et bienveillante avec de parfaits inconnus que j'ai jamais rencontrée. Cette année, pour la première fois depuis 6 ans et alors que je suis au chômage, j'ai travaillé avec des collègues à construire un espace de soutien, de travail et de chocolat chaud.
En cette fin d'année, ce qui faisait notre bonheur avant les difficultés n'a pas disparu. Ce qui nous comblait est toujours là. Et d'ailleurs le mettre en péril, ne plus réussir à le gouter s'est révélé la limite naturelle à ne pas dépasser. La balise qui nous somme de ne pas faire un pas de plus vers la sensation de frustration et qui nous rappelle à l'ordre.
En cette fin d'année, je n'ai plus de parents, mais j'ai gagné une soeur.
En cette fin d'année, je n'ai pas d'enfant mais j'ai gagné une chance de percevoir le haut degré de bienveillance caché dans ce monde.
En cette fin d'année, j'ai échangé une promotrice défaillante contre l'entraide entre collègues qui ont décidé qu'ensemble on est plus fortes dans l'adversité.
Voilà pourquoi je veux la terminer sur une note de gratitude et la sensation la plus importante (quoique foncièrement bateau une fois formulée), celle d'aimer et d'être aimée.