Méfiante, moi?

11 février 2013

Quand j'ai connu Spéculoos, ses relations familiales étaient très à l'orage. Sa fort nocive mère exploitait sans limite la rivalité fraternelle et le frère de Spéculoos, d'un an son cadet, ne prenait aucune distance face à cette manipulation et s'abandonnait complètement à une basique détestation de son frangin. Détestation qui fut parsemée de divers coups bas plus ou moins hauts en couleur.

Au-delà de ces relations familiales qui, j'en conviens, ne pouvaient pas me mettre dans de bonnes dispositions vis-à-vis de lui, on ne pouvait pas dire que le frère de Spéculoos était très engageant comme type. Plutôt colérique et inquiétant. Si bien que j'avais émis l'hypothèse en mon fort intérieur qu'il était le genre de personne à torturer des animaux pour le plaisir quand il était petit. Rien que ça (j'ai beaucoup d'imagination).
Comme je suis d'un naturel très fier, l'option de la peur ou de la fuite n'était pas envisageable et j'ai choisi de lui faire mes gros yeux méchants à la place. J'en ai pas l'air comme ça mais moi aussi, je peux avoir le regard qui dit : "on ne se connaît pas mon gars mais sache que certaines fourmis n'ont pas survécu à mon intérêt scientifique pour leur mode de vie quand j'avais 5 ans!".

Puis, je ne sais pas très bien comment ni même pourquoi, tout à coup il s'est ouvert, marié et s'est appliqué à avoir le sens (positif) de la famille. Les deux derniers éléments de cette phrase ayant, pris séparément, déjà une haute capacité à me faire sombrer dans la perplexité, ils n'ont pas aidé à la compréhension de ce revirement. J'ai surveillé Spéculoos du coin de l'oeil se rapprocher de son frère (j'ai un côté louve croisé avec Hulk quand il s'agit de protéger les gens que j'aime) et en ce qui me concerne j'ai décidé que le frangin était en période probatoire avant de lui accorder la moindre once de confiance. Le terme est rude mais le passif est lourd.

Il se trouve que son amour du rugby ainsi que son épouse qui n'aime pas les gens (j'ai le droit de le dire, il l'a dit avant moi) le font aujourd'hui venir régulièrement à Bruxelles pour voir des matchs en buvant des bières à un prix correct avec des amis qui ont le sens de la fête. Ceux à la télé qu'il pourrait voir chez lui mais aussi ceux en vrai en ce qui concerne l'équipe nationale belge. Matchs qu'il s'amuse à qualifier d'amateurs de façon si répétitive et d'un ton tellement parisien blasé qu'au bout de la cinquième fois je me demande si mon radar à humour est cassé et au bout de la dixième, j'en viens à me demander ce qu'il fait là au juste.

En d'autres mots, je commence seulement à m'habituer à sa présence. hum.

Et là, samedi soir lors de la troisième mi-temps vers une heure du matin avec des gens rigolos et fatigués qui refont le monde, vlà-ti-pas qu'il me présente ses excuses pour avoir été à l'époque, je cite: "un gros con" et avoir décidé unilatéralement que je ne valais pas la peine d'être connue, jugement sur lequel il était enchanté d'être revenu. Ça n'en fait pas mon pote mais j'avoue, c'était touchant et bienvenu.

Par contre, en ce qui concerne la période probatoire, je vais y réfléchir mais il se peut qu'elle soit grandement raccourcie par la marchandise qu'il a ramené à mon attention dans sa valise: