Le preux chevalier est une tête à claques parfois

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Il y a quelques temps, lors d'un repas entre amis, j'ai eu envie de me mettre des baffes. Pour une attitude qui est certainement passée inaperçue à la plupart (vu que "la plupart" a réagi pareil). Afin de m'implorer mon indulgence (je suis une dure à cuire), il faut que je me rappelle que j'avais à ce moment une migraine à réveiller un mort. Quoiqu'il en soit...

Ce soir-là, l'ami d'une amie a évoqué les manifestations en faveur du mariage pour tous en France pour dire qu'il ne comprenait pas. Il ne comprenait pas parce qu'il avait eu une expérience fâcheuse dans un milieu majoritairement gay particulièrement discriminatoire envers les hétéros. Il y avait dans ces revendications au mariage et à la famille quelque chose qu'il associait mal aux individus qu'il avait connu alors.

Dès ses premiers mots, le réflexe du "mais enfin, tu ne peux pas dire ça!" s'est exprimé, s'imposant en plein milieu de sa phrase. Le pied qui commence à trépigner sur le sol accompagnait une difficulté de plus en plus grande à le laisser développer son propos sans essayer de l'interrompre. Comme s'il était de mon devoir d'enfourcher le cheval blanc de la tolérance et d'empoigner mon épée afin de couper à la racine tout propos qui semblerait en dévier avant qu'il ne se développe et fasse des petits.
Enfin... Là, je parle en mon nom mais à vrai dire, il était seul contre une tablée entière de chevaliers au coeur d'or. J'imagine que sous son angle de vue, on avait plutôt l'air d'une meute de loups qui montrait les crocs.

Sauf qu'il fallait la deuxième partie de son propos pour comprendre la nuance, son incompréhension et ce qu'il nous livrait: un témoignage d'une époque pas facile de sa vie. 
Sauf qu'il fallait une vision d'ensemble pour comprendre qui il était, un type plutôt sympa et très ouvert. 
Sauf qu'il fallait un dialogue pour ajouter à la sienne nos expériences positives afin d'atteindre ensemble une image plus proche de la réalité autour de laquelle pouvait se déployer son ouverture.

Et je me suis agacée de démarrer au quart de tour, de m'être réduite à cette veille qui déclenche basiquement des alarmes à l'association de certains mots, surtout lorsqu'ils ne sont pas prononcés dans l'ordre politiquement correct des instruits laïcards progressistes policés que nous sommes. D'avoir été une levée de bouclier typique de mon milieu d'intellos, plutôt qu'une oreille attentive qui écoute une personne, l'ensemble de son récit et qui elle est. 

Voilà, des fois je suis un peu limitée. Mais ça fait toujours une bonne piqure de rappel. 

Comments

[Akroma]

Je me suis fait également la même réflexion. Laisser aux gens le temps de parler au lieu de feuler ... je sais que je peux être attentive, mais comme toi, certaines associations de mots lancent l'alarme. Food for thought :)

[Ness]

Merci! Je nous souhaite de réussir à trouver le juste milieu en toute occasion :)

[teparlerdemavie]

Je trouve ta réflexion extrêmement intéressante... et qui me fait réfléchir (je suis aussi du genre va-t-en guerre contre les injustices!;-) ).