La solitude du couple - bis

Je suis confrontée à la bien vilaine solitude du couple. Pas la mienne, celle d'une amie. 

C'est une amie proche, de celles avec lesquelles on parle des choses de la vie en profondeur. ça, c'était avant qu'elle n'adopte Spéculoos et que bien plus tard on adopte son Italien de futur mari. Après Spéculoos, on s'est côtoyée plus rarement en duo (et en profondeur) et très régulièrement en trio avec plaisir et en profondeur quand même. ça ne se faisait pas toujours sans mal, la fréquence de ses grands besoins de sociabilité de célibataire pesait parfois sur notre vie à deux.

Aujourd'hui, elle est heureuse en couple. Je l'ai vu disparaître de la circulation avec bonheur, non pas par rapport au poids sus-mentionné mais parce que je trouvais que c'était une bien jolie chose qui lui arrivait là. Qu'elle roucoule de tout son saoul, on aura bien l'occasion de se voir plus tard, me disais-je. J'étais heureuse pour elle. Je le suis toujours. 

Mais je ne suis pas dupe, la période de roucoulade intensive est passée et, entre deux roucoulements, elle se retrouve à nouveau confrontée à d'anciens démons. Dont ce noeud qui l'immobilise et l'empêche de faire ses premiers pas le monde du travail avec ses deux supers diplômes. Noeud qui se lie aujourd'hui avec l'envie nouvelle de faire un enfant. 

Nous faisons des repas de couples lors desquels on s'amuse beaucoup et je repars sans rien savoir d'elle, sinon la phrase que je viens de pondre et qui résume tout ce que je sais. Et pourtant, je sens un gouffre derrière. Lorsque j'arrive à dompter mon agenda, on se voit sans les amoureux mais elle me parle de sa vie quotidienne à deux, de sa vie de couple et jamais d'elle sinon en quelques phrases qui sont dites presque en apnée.

Je sais qu'elle se confie à son amoureux et qu'il la soutient. Mais je me doute aussi qu'une oreille amie n'est jamais de trop.

Bref, ça pue la solitude du couple à plein nez. Cette solitude, je la repère à des kilomètres à la ronde et pourtant - c'est bien la peine d'avoir l'odorat si développé! je suis un peu gauche face à elle. 
Je n'arrive pas à me confronter à mon amie, et elle comme moi on virevolte au-dessus des sujets qui pèsent sans jamais s'y poser. Je n'arrive pas à recréer le lien, le pont entre nous surlequel faire passer les inquiétudes aussi. Et pourtant elle me tend plusieurs perches.

Parce que j'ai peur de me sentir impuissante devant son gouffre et d'inciser sans pouvoir refermer ensuite.

Parce que le rapport boulot/bébé, je le vis certes différemment mais plutôt douloureusement pour le moment. 

Parce que je me rends compte que chacun de ces rendez-vous à deux sont des échappées toujours difficilement négociées et tellement furtives de mon quotidien. Je ne suis jamais totalement disponible pour de la profondeur, toujours un peu agitée, incapable de "switcher" d'un état d'esprit à un autre en une après-midi. Même si l'après-midi en question est accompagnée d'un magnifique rayon de soleil et de la première glace de l'année chez Zizi.

C'est une sensation bizarre, frustrante en même temps qu'elle est un aveu de fatigue, de se savoir attentive à ça et de ne pas réussir à déployer cette attention.

Comments

[Ness]

Je réponds avec un peu de retard...

Je ne pratique pas beaucoup le téléphone mais je comprends l'idée. Merci pour vos conseils (et cri du coeur, spéciale KassDédi à Kimie :) )

[Kimie]

Oui, ou par téléphone, on se sent plus libre de parler...

Enfin, rien à voir, mais ZIZIIIIIIII GLACE !!!!!

[Isa]

Je suis d'accord avec Miss Sunalee, tu devrais peut-être lui écrire un mail, lui confier les inquiétudes que tu ressens.

[Miss Sunalee]

Parfois, le fait de se voir en vrai bloque certaines choses; parfois, on en dit plus via un chat ou un échange de mail...