Sur le chemin de l'école...
J'ai une tendresse toute particulière pour ces étudiant(e)s en architecture qui trimballent par monts et par vaux leurs fragiles mais encombrantes maquettes. Les bras tendus au dessus des têtes dans le tram, ou négociant un virage penché pour faire passer le volumineux paquet relativement sensible à la gravité par les portes des transports en commun. J'admire leur endurance face au vent lorsqu'ils rattrapent pour la énième fois le bout du sac plastique ou du sac poubelle (selon la taille de l'ouvrage) qui vient vaguement protéger l'édifice de carton les jours de pluies pour les plus prévoyants*. Dix mois par an, être étudiant(e) en architecture à Bruxelles semble être un sacerdoce climatologique.
J'ai une tendresse toute particulière pour cette mâcheuse de chewing gum aux écouteurs rose fluo dans les oreilles et aux phrases ponctuées de "putain" qui transporte dans son sac une vieille édition cartonnée de "L'Herbe bleue". Edition dont l'étiquette numérotée et jaunie laisse penser qu'il vient de la bibliothèque communale. J'ai un rien de tendresse également pour ses copines aux yeux fardés de bleu ciel et aux mèches parfaitement brushées qu'elle retrouve sur le chemin de l'école.
J'ai une tendresse toute particulière pour les sacs à dos Bob L'Eponge et les cartables Princesses Disney transportés par des petites filles et des petits garçons dans la fraîcheur déjà moite des derniers mois de l'année scolaire.
*Spectacle quotidien lorsqu'on habite tout près des Instituts St Luc de Bruxelles.