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Les filles sages vont au paradis, les autres où elles veulent
22 février 2011

La Liste

Depuis que j’ai entamé cette thèse, j’ai commencé à ne plus me penser et penser ma vie qu’en «pas assez, pas assez bien, pas assez vite». Je joue au chat et à la souris avec cette sensation, et cette danse-là est tout mon quotidien. Alors, ce que j’aime faire, ce que je souhaite faire, est absorbé par «La Grande Liste»: celle qui tournoie dans ma tête à chaque réveil et qui comprend ce que je dois, veux, voudrais, devrais faire et ce pourquoi je suis déjà en retard, que ce soit pour le boulot, pour moi, dans mes amours, mes amitiés, mes emmerdes. La particularité de ce job est de ne pas être cadré dans un espace-temps: pas de bureau et un timing qui équivaut à toute une période de ta vie. Avec toi en première ligne. En effet, tu ne fais pas avancer un projet, une entreprise ou autre chose dans lequel tu t’inscris...A la rigueur, tu fais juste avancer la recherche, un autre mot souvent pour dire ton égo, dans le milieu. Cette bestiole tentaculaire a rencontré «Mon Grand Sentiment de Culpabilité» encore toujours trop constitutif de ma personnalité, alors qu’elle est autre chose, je sais bien, j’y travaille. Terrain propice à ce qu’un job non cadré dans l’espace et dans le temps envahisse tout les pores de ta vie. Evidemment, tout ne tient pas dans la voie professionnelle que j’ai choisie...

 

Je n’ai plus le goût de lire, d’aller au musée, d’écouter la musique, d’aller à la piscine. Je me réveille et La Liste est trop grande et la journée trop petite et moi déjà découragé e alors je ne fais rien. J’ai envie d’aller au musée, de lire, d’écouter de la musique, d’aller à la piscine. Mais si je choisis de faire ça, ça vient prendre la place du nettoyage des escaliers ou encore des articles que je pourrais lire pour enfin être à jour et à l’aise sur tel ou tel sujet professionnel. J’ai envie et devant ces conflits, je bugue, littéralement. J’étouffe de fatigue et de frustration alors que je n’ai pas bougé d’un poil et qu’en plus j’ai le choix. Et je perd encore un peu plus de temps. Alors je reprends depuis le début: j’ai envie, je suis épuisée, je suis frustrée. J’ai l’impression d’être une enfant qui fait une crise de colère dans un supermarché parce que son parent lui a dit non à une sucrerie quelconque, le découragement en plus. 

 

Dans cette configuration-là, tout ce que je tente de faire pour mon propre plaisir n’est plus du plaisir mais une fuite. Mon temps est divisé en deux: je fais ma thèse / je fuis ma thèse.  Avec toujours l’espoir que si je fais plus de «je fais ma thèse», je serai rassurée et j’aurai droit à autre chose que du «je fuis ma thèse». Alors que le travail entreprit avec ma psy depuis plusieurs semaines est bien plus compliqué: renverser le mode de fonctionnement. 

 

Parfois, le temps d’un week-end, comme une équilibriste, je me maintiens. Je fais ce que je souhaite faire, profite des heures qui s’écoulent, même si ça encore passe par une gestion serrée et périlleuse des ces moments où tout peut partir en vrille. 

 

S’entendre dire, durant ces crises incompréhensibles et toujours plus lassantes pour celui qui partage ma vie: «Mais, tu te détruis...» est un peu choquant. Quand cette première exclamation est suivie de «Mais, c’est ce que tu dois faire, tu es faite pour ça!», ça se corse. La conclusion est toujours la même: faire ce que je fais, mais le vivre autrement. 

 

Un jour peut-être j’écrirais sur la raison pour laquelle je me suis lancée dans cette aventure. Ça peut être vachement éclairant, surtout pour moi....

 

Là, c’était simplement pour vous dire que tenir à jour ce blog, j’en ai envie aussi. Mais que souvent, je regarde le plafond avec La Liste pour seul horizon.


(Edit: parfois les choses évoluent)

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