De l'innocence de la question
J'émerge à peine de ces quelques jours à Londres que de premiers éternuements annonciateurs d'un bon petit rhume se font entendre. Il n'empêche que je prépare avec soin (en d'autres mots avec des photos, des références et des liens) un petit post sur notre city trip musical. Qui s'avère être, au vu de mon état de fatigue et sans doute parce qu'associé à une vie légèrement sur-active, légèrement trop rock and roll pour mon organisme.
Tout ça ne me dispense pas de m'énerver sur les structures mentales de notre société capitalo-patriarcale. Les sondages d'opinion par exemple. Il m'arrive d'en faire, parce que pour bien critiquer les résultats il faut d'abord bien décortiquer la façon dont sont posées les questions. Avez-vous déjà remarqué que la question "êtes-vous la personne de votre ménage qui avez le revenu le plus élevé" est automatiquement suivie de la question "et ben alors, si c'est pas vous, c'est qui?" (idem avec la question "qui est responsable des choix de consommation du ménage?") sans qu'il ne soit permis à aucune étape de signifier au monde que vous vivez dans un couple qui, par un joyeux hasard (au vu des statistiques), connaît l'égalité de salaire et qui prend les décisions (consommatoires ou autres) à deux.
J'ose espérer que le temps où l'homme rapportait son salaire et s'asseyait dans son canapé pour observer d'un oeil réprobateur la femme empreinte de la culpabilité de l'oisiveté gérer le budget du ménage au centime près est presque révolu.
Par contre celui des emplois à mi-temps exercés en grande majorité par des femmes et des inégalités salariales est bien encore notre réalité, et l'état d'esprit qui transpire de questions posées dans un sondage et de bien d'autres situations au quotidien en est un des piliers les plus solides.